Lorsque j’étais gamin, mon père m’amenait souvent à Paris, et à chaque fois, le jour que j’attendais le plus était celui de la visite de la tour Eiffel.
Cette année ce fut à mon tour d’amener ma fille de 6 ans et mon fils de 4 ans visiter la ville lumière et partager avec eux ma fascination pour ce monument qui reste à mes yeux incroyable, surtout si on pense à quelle époque il a été construit. Le voyage fut également l’occasion de visiter, en famille, la foire Maker Faire qui se tenait au parc des expositions. C’est là que, sur le stand d’un FabLab, nous avons vu un modèle de tour Eiffel en bois découpé au laser, d’un mètre de haut. Personnellement j’avoue les différents modèles de tour Eiffel en plastique que l’on trouve dans tous les magasins de souvenirs m’ont toujours laissé plutôt indifférent. Mais là, c’était différent. Non seulement ce modèle était impressionnant de par sa taille : la technique de la découpe laser permet de reproduire de manière sinon parfaite, en tout cas beaucoup plus précise, la complexité, l’élégance et la légèreté de la structure originale.
De retour en Suisse, petite visite sur thingiverse, avec les enfants, pour récupérer le modèle (réalisé par un Australien, et disponible sous licence Creative Commons). Passage dans un magasin pour me procurer du MDF 3mm, puis direction le FabLab Chène 20. Le dessin original a été fait pour une découpeuse de 90×60 cm. Celle du FabLab fait 60×60, mais grâce à l’aide de Richard, le problème est vite résolu et le dessin adapté. Et pendant que la machine fait son travail, je discute avec les autres membres présents de mon projet, de leurs projets, on s’échange impressions, trucs et astuces, et surtout on partage des connaissances. C’est ainsi que je découvre plein d’informations non seulement sur le fonctionnement de la machine, mais aussi sur la technique de construction de la tour « originale », ainsi que sur le contexte historique. Et, une fois de plus, la magie du FabLab opère : pendant que les projets se matérialisent, la connaissance circule, des personnes avec des compétences, des sensibilités et des vécus différents interagissent et coopèrent.
Entre une séance de découpe et une autre, ma fille me fait remarquer qu’en fait, le sommet de la tour ne ressemble pas trop à l’original. Comment lui donner tort : c’est vrai que dans le modèle, le sommet ressemble plutôt à celui d’une antenne de transmission. Mmm… c’est bien dommage. Mais puisque l’original est sous licence Creative Commons, et que les fichiers source sont fournis par l’auteur, pourquoi ne pas redessiner un nouveau sommet ? Aussitôt dit, aussitôt fait ! Après une recherche très rapide sur le net, je retrouve quelques plans d’origine, histoire de mieux saisir les proportions, et je lance mon programme de CAD (Alibre Design) et je me mets au travail. Quelques heures plus tard (tard, très tard dans la nuit), voici un sommet tout neuf, qui sera découpé à son tour au lendemain.
Il ne reste plus qu’à détacher les pièces et assembler le tout.
Le modèle original s’appelle « Eiffel Tower 3D puzzle », et le nom, surtout le mot « puzzle », n’a pas été choisi au hasard. Mais grâce à l’aide décisive des enfants, qui participent très activement à l’assemblage, cela se révèle plus simple que prévu. Ma fille est tellement enthousiaste qu’elle propose à sa maîtresse d’école de présenter le projet en classe. L’occasion de montrer aux enfants la tour et aussi de leur parler du FabLab. Et aussi de réaliser, pendant la présentation, qu’une petite erreur de conception s’est glissée dans le design du nouveau sommet. Mais ce n’est pas grave du tout, au contraire : voici un bon prétexte pour retourner au FabLab !
Maurizio Rossi